L'inflation et l'énergie depuis 2022
Cette séquence inflationnaire a débuté avec la crise générée par la guerre en Ukraine. Celle-ci a pu entrainer une crise de l’énergie. La Russie étant le deuxième producteur de gaz et de pétrole dans le monde, une de ses stratégies a pu être de limiter ses exportations pour intimider les pays d’Europe de l’Est qui auraient été prompts à aider l’Ukraine. Ajoutant à cela le fait que l’Union européenne a imposé un embargo sur un certain nombre de produits russes, ce sont les pays de l’Est, les plus dépendants commercialement de la Russie, qui ont été le plus touchés. À titre d’exemple, la Hongrie enregistrait un taux d’inflation de 26% en cette première moitié d’année 2023, et la République Tchèque a vu une inflation des prix de 17%, à hauteur de l’importance du gaz russe dans sa production d’électricité. En 2022, c’est donc le secteur de l’énergie qui fut touché en premier. Avec une augmentation de 16% de l’indice des prix par rapport à janvier 2022. Ajouté à la prise en compte des problématiques climatiques, cela a entrainé un mouvement de regain de popularité du nucléaire, se traduisant par une volonté forte de l’intégrer dans les politiques énergétiques futures.La hausse des marges brutes, contre-coup aggravant la crise
Il y a toutefois une limite à cette observation puisque les professionnels des matières premières ont vu l’occasion comme un effet d’aubaine. La Banque centrale européenne alertait ainsi en ce début 2023 sur la tendance que pouvaient avoir certaines entreprises à camoufler des marges en augmentation depuis le troisième trimestre 2022, pour rattraper la limitation de l’augmentation des prix qui avait caractérisé la réaction française à la crise, aux côtés de subventions publiques généreuses et de la suppression de 50% de la CVAE, un impôt sur la production. On peut observer ce rattrapage avec le taux de marge des entreprises de distribution d’essence, qui représentent cette tendance. Il reste que cette inclinaison reste plutôt sectorielle, et le taux de marge général des sociétés non financières, s’il se voit affecté, ne s’effondre pas sur la période. Par ailleurs, c’est dans l’alimentaire que l’inflation est la plus grave. La hausse des coûts de production à cause de l’énergie mise à part, il reste que si les produits alimentaires ont autant augmenté, c’est également à cause de l’augmentation des marges des distributeurs du secteur agro-industriel ; l’AFP annonçait ainsi une année 2022 avec 140 milliards d’euros nets de bénéfice cumulé pour les entreprises du CAC 40, 20 de plus que l’année précédente.Certains secteurs restent cependant stables
Certains secteurs résistent pourtant plus que les autres à la montée générale des prix. Il semble que ce sont les secteurs saisonniers qui résistent le mieux, habitués à des fluctuations périodiques. Les transports maritimes ou fluviaux par exemple, marquent une faible hausse, car on observe des hausses des coûts à l’été et une baisse forte jusqu’à l’été suivant. C’est également le cas pour les services d’hébergement. On peut cependant voir une augmentation en comparant les pics de prix, car ils atteignaient l’indice 150,15 en août 2022, contre 140 l’année précédente. Et d’autres voient même leurs prix s’effondrer comme les services culturels, dont l’indice est passé de 109 en septembre 2022 à 91 en avril 2023. Il semble que ce soit lié à la nature du produit, puisque pour les produits nécessitant des matières premières, comme les livres, on observe une inflation plus similaire à d’autres secteurs victimes en 2022 de la crise des matières premières.Les réactions des États et des banques centrales
Pour contrer l’inflation, diverses mesures ont été prises par les États et banques centrales, de sorte à l’endiguer, puisque le taux maximal de 2% d’inflation est selon les traités européens une nécessité pour le bon fonctionnement de la zone euro. La Banque centrale européenne a donc décidé en 2023 d’augmenter son taux directeur, pour essayer de freiner la création de monnaie, et donc conserver la valeur de celle-ci. Dévalué après la crise de 2008, il n’avait cessé de baisser pour tenter de relancer les emprunts et avec eux la production. Seulement, avec la forte récession accompagnant la crise sanitaire, les États ont massivement injecté des liquidités dans le circuit monétaire, de sorte à supporter le fonctionnement des entreprises privées. On rejoint alors ce qui a été mentionné quant au rattrapage des marges. Leur augmentation est un effet logique, affectant différemment les secteurs mais se répercutant particulièrement sur les fruits et légumes, ainsi que les biens de consommation liés à l’alimentation. Notons cependant que même au plus fort de la crise, la BCE n’a longtemps pas touché ces taux, peut-être créant les conditions d’une aggravation de l’inflation.Les Français ne sont d’ailleurs pas très réceptifs à ces mesures qu’ils ne jugent pas assez efficaces, en témoigne leur pessimisme quant à l’avenir de leur pouvoir d’achat, et ce d’autant qu’ils ont peu confiance dans les élus en général pour régler la situation.